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Nouveau-né

Publié le 26 avr 2019Lecture 5 min

Prévention de la mort inattendue du nourrisson - Étude multicentrique évaluant les connaissances parentales sur les modalités de couchage des nourrissons

Clémentine PROAL* a , Étudiante sage-femme, Mickaël AFANETTI** b, Praticien hospitalier

La mort inattendue du nourrisson (MIN) représente entre 400 et 500 cas de décès par an en France ; de 150 à 250 cas seraient évitables chaque année en agissant sur des facteurs de risques simples tels que la sécurisation des conditions globales de couchage des nourrissons. Les connaissances parentales et la prévention de la MIN en péripartum sont encore insuffisantes. Cette étude identifie le besoin de relancer et uniformiser les campagnes préventives au niveau national comme local.

Introduction La MIN est définie comme « un décès inexpliqué d’un enfant de moins d’un an, survenant apparemment pendant le sommeil, restant toujours inexpliqué, après des investigations post-mortem, comprenant une autopsie complète et une revue complète des circonstances du décès et de l’histoire clinique ». En France, la MIN apparait comme un problème majeur de santé publique. Malgré une efficace campagne de prévention dans les années 90, la MIN représente encore aujourd’hui la première cause de décès postnéonataux (décès survenus entre un mois et un an). Les professionnels de la périnatalité apparaissent naturellement comme des acteurs de première ligne dans cette prévention. Ainsi, pour lutter efficacement contre ces décès, une prévention systématique, uniformisée et relayée par l’ensemble des professionnels de santé semble absolument essentielle. Figure  : En pratique Matériel et méthode Étude descriptive multicentrique, réalisée dans 4 centres hospitaliers des Alpes-Maritimes, entre le 25.09.2017 et le 12.11.2017, par l’intermédiaire d’un questionnaire anonyme auto-administré auprès d’accouchées présentes en suites de couches dans les 24 heures qui précèdent la sortie. Objectifs : comparer les modalités de couchage envisagées par les parents par rapport aux recommandations actuelles et évaluer l’impact des professionnels de la périnatalité sur les connaissances parentales. Critères d’inclusion : accouchement supérieur ou égal à 37 semaines d’aménorrhées, toute parité, tout mode d’accouchement, nouveau-né présumé bien portant et pesant au moins 2800 grammes. Résultats 208 questionnaires ont été retenus et analysés, soit un taux de participation de 26,9 %. Les pratiques non recommandées les plus fréquemment observées concernent le type de lit et l’utilisation de multiples objets de puériculture dans l’environnement de couchage du nourrisson, respectivement 51,9 % et 62,5 %. De plus, 39,4 % des mères n’ont pas conscience du lien causal entre le tabagisme passif et la MIN. Les autres critères de prévention que sont la position de couchage, le type de matelas utilisé, le lieu de couchage et la température dans la chambre, sont quant à eux bien respectés par les parents. D’autre part, 61,4 % des mères jugent ne pas avoir reçu suffisamment d’informations de la part des professionnels du péripartum concernant la MIN. 51,6 % des mères considèrent que les professionnels de la périnatalité n’ont pas d’impact notable sur leurs pratiques de couchage. Les jeunes parents déclarent recevoir davantage d’informations sur la MIN par l’intermédiaire des médias et des diffuseurs sur internet ou encore de leur entourage, respectivement 36,4 % et 26,6 %. Discussion Lorsque tous les critères de prévention sont pris en compte simultanément, seules 5,3 % des mères envisagent de respecter totalement les recommandations pour le couchage sécurisé des nourrissons. De plus, 75 % des mères associent plusieurs facteurs de risque de MIN dans leurs pratiques courantes de couchage. D’après l’InVS, dans 57 % des cas de MIN, l’enfant avait un objet à proximité de son visage (couverture, coussin, peluche etc.). Par ailleurs, 28 % des enfants victimes de MIN avaient été exposés au tabac pendant la grossesse. En France, 50 % des femmes qui arrêtent de fumer pendant la grossesse reprennent en post-partum. D’autre part, les professionnels de la périnatalité ne semblent pas assez impliqués dans cette prévention. Un travail considérable sur la diffusion de l’information est nécessaire. Les professionnels doivent trouver le moment opportun et la manière la plus adaptée d’aborder la MIN le plus efficacement possible. Néanmoins, la première prévention s’opère a priori, dans l’exemplarité des pratiques observées. Il est essentiel que les professionnels de santé suivent rigoureusement l’ensemble des recommandations, afin d’influencer positivement les futurs comportements parentaux. Les jeunes parents affirment que leurs informations sur la MIN proviennent de diffuseurs sur internet, des médias et/ou de leur entourage. Cependant, 85 % des représentations de couchage des nourrissons dans les revues et sites parentaux transmettent entre trois et cinq messages contraires aux recommandations. Face à cela, il est primordial que les professionnels de santé aient le plus de poids dans cette prévention. Le manque d’uniformité et de cohérence des messages préventifs délivrés par l’ensemble des professionnels de santé décrédibilisent la parole des autorités médicales, et renforcent parallélement l’influence grandissante des médias sur les jeunes parents. Conclusion Si, dans le passé, les campagnes préventives nationales ont su prouver leur efficacité, nous assistons depuis une vingtaine d’années à une stagnation des savoirs en la matière associée notamment à de nouveaux risques, liés par exemple aux matériels de puériculture. Les résultats que nous avons obtenus viennent confirmer cela, et démontrent que les pratiques et connaissances parentales des recommandations en vigueur sont encore insuffisantes. Les mères sont globalement peu armées pour assurer la sécurité générale de leur enfant lors du retour à domicile. Par ailleurs, les mères signalent que les professionnels n’ont que peu d’impact sur leurs pratiques. La prévention de la MIN doit donc être relancée de manière organisée et uniformisée. L’histoire nous a démontré qu’un message simple et précis tel que la contre-indication du couchage ventral pouvait diviser par cinq le taux de MIN. En poursuivant ce combat avec enthousiasme nous assisterons vraisemblablement à une amélioration substantielle de nos résultats. *Auteur correspond clem.proal@oulook.fr (C. Proal) a École de Sages-Femmes du CHU de Nice, Fondation Bellet, Nice, France **b Réanimation et surveillance continues pédiatriques, Centre de référence des morts inattendues du nourrisson, Hôpitaux Pédiatriques de Nice CHU-Lenval, Nice, France

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