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Addictologie

Publié le 14 fév 2022Lecture 3 min

Risque de petit poids de naissance avec la prise de cannabis pendant la grossesse

Jean-Jacques BAUDON, Hôpital Armand-Trousseau, AP-HP; Paris
Risque de petit poids de naissance avec la prise de cannabis pendant la grossesse

Traversant la barrière placentaire, le tétrahydrocannabinol (THC) peut - entre autres effets - favoriser les petits poids de naissance chez les nouveaux-nés exposés à cette substance in utero. 

Dans la population des femmes enceintes, le taux de consommation de cannabis serait de l’ordre de 2 % à 3 %. Or, le principal dérivé, le tétrahydrocannabinol franchit la barrière placentaire. Ses effets sur le fœtus sont imparfaitement connus et sujets à controverses. Il ne semble pas favoriser les malformations mais paraît retentir sur la croissance intra-utérine et éventuellement favoriser la prématurité. Les difficultés d’évaluation tiennent à la sélection des populations étudiées, la méconnaissance de l’usage concomitant du tabac, les différences entre la consommation rapportée et les données objectives fournies par les biomarqueurs sanguins et urinaires. Une enquête rétrospective a été réalisée par des chercheurs en santé publique de Berkeley basée sur un système de surveillance qui collecte les informations sur la période pré-conceptionnelle, la grossesse et le post-partum immédiat (Pregnancy Risk Assessment Monitoring System). Un échantillon représentatif de mères tirées au sort qui avaient accouché dans les 2 à 4 mois précédents a été sélectionné dans 51 États à partir des certificats de naissance. Ces femmes ont été contactées par mail ou téléphone ; le taux de réponse a varié de 55 % à 81 %. Les réponses orales ont été confrontées individuellement aux données des certificats de naissance. Après exclusion des grossesses multiples, les données de 32 583 mères ont été réunies. Risque amplifié par la consommation concomitante de tabac La consommation de cannabis a été évaluée de façon binaire (oui ou non) et quantitative : aucune, légère (1 fois par mois ou moins), modérée (2-3 fois par mois), importante (1 fois par semaine ou plus). Pendant la période d’étude, l’utilisation du cannabis était légale à des fins médicales et récréationnelles dans 4 Etats et médicales uniquement dans 12 États. Les mères qui n’ont pas répondu étaient en moyenne plus âgées (30,2 ± 0,1 an vs 29,5 ± 0,04 ans), plus souvent non blanches (43,4 % vs 35,7 %), non mariées (39 % vs 37 %). Au total, 4,9 % des répondeurs avaient consommé du cannabis pendant la grossesse, 0,9 % de façon légère, 0,6 % modérée, 2,5 % importante. La prévalence des prématurés était de 7,6 %, des poids de naissance < 2 500 g de 6,2 % et des petits pour l’âge gestationnel (< 10èmeP) de 9,7 %. La consommation de cannabis est apparue augmenter significativement le risque de petit poids de naissance: Odds ratio ajusté aOR 1,27 (intervalle de confiance à 95 % IC 1,05-1,54) et de petit poids pour l’AG : aOR 1,35 (IC 1,09-1,68) mais pas de prématurité. En comparaison des non utilisatrices, les consommatrices importantes avaient un risque doublé d’accoucher d’un enfant de petit poids de naissance : aOR 2,07 (IC 1,46-2,94) et petit pour l’AG : aOR 2,14 (IC 1,38-3,30). L’exposition prénatale à la fois au cannabis et au tabac, en comparaison des non utilisatrices, augmentait davantage le risque de petit poids de naissance : aOR 2,27 (IC 1,71-3,01), de petit poids pour l’AG : 3,29 (IC 2,39-4,55) et aussi de prématurité : aOR 1,61 (IC 1,12-2,31). Le risque était supérieur à celui conféré par chacune de ces substances prises isolément. Ces résultats suggèrent que la prise de cannabis pendant la grossesse peut entraver le développement fœtal.

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