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Addictologie

Publié le 26 avr 2019Lecture 6 min

La consommation d’alcool chez les jeunes en France

Chloé COGORDAN, Paris

Les enquêtes réalisées au collège et au lycée, ainsi que le baromètre santé adulte donnent une image des consommations d’alcool chez les jeunes et des facteurs influençant ces consommations. Chloé Cogordan fait le point sur les données disponibles aujourd’hui.

Les collégiens : l’enquête HBSC 2014(1) HBSC (Health Behaviour in School-Aged Children) est une enquête internationale réalisée tous les quatre ans depuis 1982, sous l’égide du bureau Europe de l’OMS, dans 41 pays ou régions, essentiellement européens. La France y participe depuis 1994 et le pilotage de l’enquête est assuré par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). L’enquête est auto-administrée, strictement anonyme et est menée en classe sous la responsabilité d’un enquêteur formé. La dernière édition a eu lieu en 2014. Expérimentation de l’alcool L’alcool est la substance psychoactive la plus fréquemment expérimentée parmi les collégiens. Avoir déjà bu de l’alcool au moins une fois au cours de sa vie concerne 1 élève de 6e sur 2. Si la progression au cours du collège est identique selon le sexe, les filles ont un niveau d’expérimentation toujours moindre. Le niveau d’expérimentation en 6e est un petit peu en recul par rapport à 2010 (-10 points). Expérimentation de l’ivresse 1 collégien sur 7 dit avoir déjà connu une ivresse au cours de sa vie. La prévalence augmente au cours du collège, passant de 5 % en 6e à 28 % en 3e. Les garçons sont plus précoces (sex-ratio = 2,3 en 6e ), mais les écarts ne sont plus significatifs en 3e. L’expérimentation de l’ivresse est en léger recul par rapport à 2010. Usage récent (au moins 1 fois au cours des 30 derniers jours) Il concerne 23 % des élèves de 4e et 37 % des élèves de 3e. L’usage récent est nettement plus masculin. Il est en recul par rapport à 2010. Les lycéens : l’enquête ESPAD 2015(2) ESPAD (European school project on alcohol and other drugs) est une enquête internationale quadriennale en milieu scolaire. Elle se déroule au même moment avec un questionnaire commun dans une quarantaine de pays en Europe depuis 1999. Le questionnaire est auto-administré, confidentiel et anonyme. Il est distribué en classe sur une heure de cours. Le volet français couvre un échantillon représentatif de 400 classes de la 3e à la terminale dans près de 300 établissements d’enseignement secondaire publics et privés, soit 10 000 jeunes métropolitains ou ultramarins. La dernière édition date de 2015. Usage récent entre la fin du collège et le début du lycée, la consommation au cours du mois progresse de près de 20 points de pourcentage et concerne alors la moitié des élèves de 2nde (55,7 %). Usage régulier (plus de 10 fois dans le mois) Il double (de 10 % à 21 %) entre la 2nde et la terminale. API (Alcoolisation ponctuelle importante) quarante-et-un pour cent des élèves déclarent au moins une alcoolisation ponctuelle importante (API) au cours du mois et 16 % au moins trois API dans le mois. Au lycée, boire de l’alcool est  davantage un comportement masculin. Comparés à 2011, les niveaux de consommations d’alcool en 2015 sont tous orientés à la baisse. Facteurs associés à la consommation des jeunes Une métaanalyse publiée en 2017 par Yap et coll. dans la revue Addiction a sélectionné 131 études longitudinales afin d’identifier les facteurs parentaux modifiables associés à l’initiation à la consommation d’alcool des adolescents et à leur consommation ultérieure, problématique ou non(3). L’analyse de ces études a permis de relever : • 3 facteurs de risque : – possession d’alcool par les parents ; – attitude favorable des parents visà-vis de la consommation d’alcool ; – consommation d’alcool des parents. • 4 facteurs protecteurs : – surveillance des parents ; – qualité de la relation parent/enfant ; – soutien parental ; – implication parentale. Une cohorte australienne basée sur 5 vagues d’enquête auprès de 1 673 couples parents/enfants a servi de base à deux études publiées en 2018. La première visait à mesurer l’impact de l’initiation à l’alcool (1 verre plein) sur la consommation plus tard dans l’adolescence(4). Cette étude a montré que : • l’initiation à la consommation d’alcool tôt dans l’adolescence (13 ans ou moins) était associée, à 17 ans, à un risque accru de bingedrinking (4 verres ou plus), de bingedrinking fréquent (au moins 1 fois par mois) et à un nombre plus important de verres bus au cours des 12 derniers mois ; • elle a suggéré de retarder au maximum l’entrée en consommation des adolescents. La seconde étude cherche à mesurer l’impact de la fourniture d’alcool par les parents aux adolescents(5). Cette étude : • montrait que les adolescents qui ont été fournis en alcool par leurs parents au début de leur adolescence sont plus exposés en fin d’adolescence à des épisodes de bingedrinking, à des dommages liés à la consommation d’alcool et à des symptômes de consommation à risque ; • et suggérait de ne pas fournir d’alcool à des adolescents. Les adultes : enquête Baromètre santé 2014 Depuis 1992, les Baromètres santé — enquêtes déclaratives répétées — font partie des plus importantes enquêtes nationales et visent à suivre les principaux comportements, attitudes et perceptions liés aux prises de risque et à l’état de santé de la population résidant en France. Ces enquêtes téléphoniques reposent sur un sondage aléatoire à deux degrés (tirage d’un ménage puis d’un individu). Par son protocole, la grande taille de son échantillon et sa vocation de représentativité, sa répétition dans le temps et son caractère multithématique, les Baromètres santé offrent de précieuses données de cadrage pour l’observation des comportements de santé. La dernière édition mesurant des indicateurs relatifs à la consommation d’alcool date de 2014(6) (tableau). Les femmes enceintes La consommation d’alcool par les femmes enceintes a potentiellement un impact sur l’enfant à naître, on parle de troubles liés à l’alcoolisation fœtale. À l’heure actuelle, les études ne permettent pas de définir un seuil en dessous duquel la consommation d’alcool serait sans risque pour le fœtus, par conséquent, les autorités sanitaires et l’Académie de Médecine recommandent l’abstinence pendant la grossesse. Consommation 20 % des femmes enceintes déclarent avoir bu au moins une fois pendant leur grossesse en sachant qu’elles étaient enceintes(7). 3 % des femmes enceintes déclarent boire toutes les semaines(8). Perception par la population générale Santé publique France mène de façon régulière des études téléphoniques de suivi de différents indicateurs de connaissance et de compréhension des risques et du message « 0 alcool » par le grand public sont menées régulièrement par téléphone (novembre 2004, décembre 2007, juin 2015, mai 2017)(9,10). Conclusion Le collège est une période d’expérimentation en matière de consommation d’alcool, tandis que le lycée est davantage une période de diversification et d’intensification des usages. Les garçons sont plus précoces et ont des niveaux de consommation plus importants que les filles. Que ce soit au collège ou au lycée, on constate que les usages entre les deux dernières éditions sont nettement en baisse : ces constats augurent-ils des changements de comportement durables chez les collégiens ? L’influence des parents (attitude, soutien, qualité de la relation, surveillance…) sur les comportements futurs de leurs enfants en matière de consommation d’alcool est importante. Pour limiter les consommations à risque, les études suggèrent aux parents de retarder au maximum l’entrée en consommation des adolescents et de ne pas leur fournir d’alcool.

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