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Cancérologie

Publié le 19 juin 2023Lecture 6 min

Dépistage du cancer du col utérin : quid de l’efficacité d’un auto-prélèvement vaginal ?

Marie-Nina CASPAR, Montpellier - Gergana PEHLIVANSKA, Montpellier - Hélène BOYE,, Paris - Nathalie BOULLE, Montpellier
Dépistage du cancer du col utérin : quid de l’efficacité d’un auto-prélèvement vaginal ?

Le projet Defi’PAP pose une question des plus prioritaires sur le front du repérage du cancer du col utérin : remettre en mains propres un auto-prélèvement vaginal  permet-il d’augmenter la participation des femmes ménopausées au dépistage de cette tumeur ?

En France, la part des femmes participant au dépistage du cancer du col de l’utérus représente 60% de la population cible sur la période 2018-2020, ce qui reste insuffisant. Parmi les femmes qui participent peu au dépistage du cancer du col, on trouve les femmes de milieu socio-économique défavorisées, éloignées du système de soins et les femmes ménopausées qui souvent méconnaissent l’importance de continuer ce dépistage jusqu’à l’âge de 65 ans (Barré et al. 2017). « Les sages-femmes participent pleinement à ce dépistage » Ce constat a conduit les autorités de Santé à mettre en place en 2018 le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (DO CCU) puis à modifier en 2020 les modalités de ce dépistage en introduisant le test de détection des Papillomavirus Humains à haut risque (HR HPV) pour les femmes de plus de 30 ans (Journal Officiel 2018; Journal Officiel 2020). Les sages-femmes participent pleinement à ce dépistage. Plusieurs publications, dont certaines sont françaises, ont montré l’intérêt des auto-prélèvements vaginaux ou urinaires avec test de détection des HR HPV pour augmenter la participation des femmes au dépistage du cancer du col. Ces auto-prélèvements, proposés aux femmes selon différentes modalités (envoi postal, commande en ligne, proposés par un professionnel de santé…), ont montré des performances identiques au prélèvement cervico-vaginal effectué par un professionnel de santé pour la détection des lésions cervicales de haut grade (Bertucci et al. 2018). Aujourd’hui en France, selon les récentes recommandations de l’Institut National du Cancer (Inca), les auto-prélèvements sont gérés par les Centres Régionaux de Dépistage des Cancers et proposés aux femmes qui n’ont pas répondu au bout d’un an à l’invitation à se faire dépister (INCa 2022). Le projet Defi’PAP (ou RIDECA*) est un projet de recherche financé par l’Inca associant dans la Région Occitanie des partenaires académiques (CHU de Montpellier, Université de Montpellier Paul Valery) et des partenaires de terrain (Association du mammobile – AMHDCS**-, Centre Régional de Dépistage des Cancers de l’Hérault et l’Aude et Conseil Général de l’Aude). Le projet Defi’PAP : évaluer l’adhésion au dépistage des femmes de 50 à 65 ans Ce projet a pour objectif principal d’évaluer l’adhésion au dépistage des femmes de 50 à 65 ans non participantes (pas de frottis ou de test HPV HR depuis plus de 3 ans) lorsqu’un dispositif d’auto-prélèvement vaginal leur est proposé en mains propres par une sage-femme après information sur le cancer du col et son dépistage. Le projet évalue également l’environnement socio-économique des femmes et leur motivation à se faire ou à ne pas se faire dépister, l’efficacité de la stratégie de dépistage proposée - en mesurant le nombre de femmes qui réalisent l’auto-prélèvement une fois qu’elles l’ont accepté - et l’efficacité du dépistage pour la détection des lésions du col - en évaluant le nombre de femmes qui effectuent le suivi recommandé en cas de test HR HPV positif. L’auto-prélèvement vaginal (dispositif sec sous forme de brosse – Evalyn® brush, Rovers Medical Devices) est proposé aux femmes sur 2 sites de la Région Occitanie. Dans le Département de l’Hérault, la sage-femme aborde les femmes lorsqu’elles viennent au mammobile*** pour faire leur dépistage du cancer du sein après avoir reçu leur invitation. Dans l’Aude, les femmes sont recrutées dans la région de la Haute Vallée de l’Aude (région de Limoux-Quillan). Après une large information dans les médias locaux, une sage-femme propose des rendez-vous aux femmes intéressées soit à la Maison Départementale des Solidarités de la Haute Vallée (Limoux), soit au cours de permanences dans des mairies, des centres médico-sociaux, des pharmacies ou lors d’actions locales autour de la santé. Les femmes recrutées sur les deux sites auront donc des profils différents, avec par exemple une démarche de dépistage déjà initiée pour les femmes fréquentant le mammobile. En pratique sur le terrain lors du recrutement par la sage-femme, si la femme refuse de participer à l’étude, les motifs de son refus sont recueillis de manière anonyme. Si la femme accepte de participer à l’étude Defi’PAP, après avoir signé un consentement, elle complète avec l’aide de la sage-femme un questionnaire portant sur son environnement socio-économique et son ressenti et ses motivations vis-à-vis du dépistage du cancer du col utérin. La sage-femme propose alors le dispositif à la femme tout en expliquant comment l’utiliser à son domicile ainsi qu’une enveloppe pré-timbrée lui permettant de le renvoyer au laboratoire du CHU de Montpellier une fois le prélèvement réalisé. Le résultat du test HR HPV effectué au laboratoire est envoyé à la femme avec un courrier explicatif, ainsi qu’au professionnel de santé qu’elle a identifié. Des lettres de rappel sont envoyées aux femmes qui ont accepté le dispositif mais n’ont pas fait le prélèvement au bout de 3 mois et de 6 mois. En cas de test HR HPV positif, la sage-femme rappelle la femme pour lui expliquer la marche à suivre et le suivi de la femme est vérifié par courrier à 3 mois, 6 mois ou 12 mois en cas de non réponse Le projet Defi’PAP a commencé en septembre 2021 et les recrutements sont en cours ainsi que l’exploitation des données (526 femmes recrutées au 30/04/2023). Au total, 600 femmes doivent être recrutées sur les 2 sites sur 2 ans. Les premiers résultats indiquent que la majorité des femmes contactées par la sage-femme, remplissant les critères d’inclusion (femmes de 50 à 65 ans non participantes) acceptent de participer à l’étude et acceptent de prendre le dispositif d’auto-prélèvement (≥ 90%). Parmi celles-ci, une majorité d’entre elles réalisent l’auto-prélèvement et le renvoient au laboratoire (70%), le plus souvent dans la semaine suivant leur recrutement. Le taux de test HR HPV positif est de l’ordre de 8%, avec un taux d’échec de 0,9%. Le suivi des femmes avec test HR HPV est en cours. Par ailleurs, le recrutement des femmes s’avère beaucoup plus rapide et plus efficace dans l’Hérault (mammobile) que dans l’Aude. Le projet Defi’PAP est donc un projet pilote, interventionnel, dont les résultats attendus sont multiples, à savoir : Une augmentation de la participation au dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes âgées de 50 à 65 ans dans les départements de l’Hérault et de l’Aude Une information auprès des femmes sur le dépistage du cancer du col utérin via les discussions avec la sage-femme pendant le recrutement et les outils d’information élaborés pour le projet Une information des professionnels de santé et des associations locales sur le dépistage du cancer du col de l’utérus et la place du test de détection des HR-HPV L’identification des facteurs psychosociaux et des obstacles potentiels à l’adhésion au dépistage du cancer du col de l’utérus par l’intermédiaire du questionnaire complété par les femmes L’identification des difficultés organisationnelles et pratiques à surmonter pour améliorer les actions préventives à l’égard des populations défavorisées Ces derniers points seront particulièrement importants pour envisager la transférabilité de cette stratégie de dépistage à l’échelle locale et régionale, et pour permettre aux décideurs en santé publique d’arbitrer son déploiement sur le territoire français. * RIDECA : Recherche Interventionnelle sur le DEpistage du Cancer du col de l’utérus **AMHDCS : Association Montpellier Hérault du Dépistage du Cancer du Sein ***Le mammobile est un camion contenant un appareil de mammographie qui depuis 1991, stationne sur 250 communes du Département de l’Hérault tous les jours ouvrables de l’année. Les femmes peuvent y bénéficier d’une mammographie et d’un examen clinique avec un praticien. Les clichés font l’objet d’une double lecture par des radiologues agréés. Le mammobile travaille en étroite collaboration avec le CRCDC de l’Hérault (https://www.mammobile.com)   Pour plus d’information sur le projet Defi’PAP: https://defipap.chu-montpellier.fr/fr/

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