Publié le 12 sep 2024Lecture 3 min
Alcool et grossesse : toutes les consommations sont à risque
Laura BOURGAULT, Nantes
Le 9 Septembre se tenait la journée mondiale de sensibilisation du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). L’occasion pour Sage-Femme Pratique de revenir sur ce trouble aux différents impacts sur l’enfant à naître : cognitifs, physiques et comportementales. Avec un message de prévention à faire passer aux femmes : il n’y a pas de consommation sans risque.
L’alcool, capable de traverser la barrière placentaire, va impacter le foetus. Quand la future maman boit de l'alcool, son alcoolémie est en effet la même que celle de son bébé.
Les conséquences : un spectre avec différents degrés d’atteintes et non une seule et même forme de trouble. Nous distinguons donc le syndrome d’alcoolisation fœtale dit complet (la forme la plus sévère appelée SAF) du syndrome d’alcoolisation fœtale dit incomplet.
A quel moment les anomalies du cerveau et les malformations d’organes vont-elles pouvoir être repérées ? Tout va dépendre de la durée pendant laquelle la consommation d’alcool a eu lieu.
En cas d’exposition importante tout au long de la grossesse, le diagnostic de SAF complet peut être fait à la naissance. Il est caractérisé par une petite taille, des troubles moteurs et cognitifs voire des malformations et un faciès particulier.
En cas d’alcoolisation ponctuelle ou moins importante, les troubles du SAF incomplet n'apparaîtront que plus tard : des troubles de l’apprentissage, des troubles du comportement, des troubles du spectre autistique (TSA), des troubles dys (essentiellement de la dyscalculie) sans qu'une déficience intellectuelle ne soit obligatoirement associée.
L’impact des séquelles va donc être proportionnel à la quantité d’alcool bue par la patiente. Reste que toute consommation d’alcool même minime peut avoir un effet délétère sur le développement de l’enfant à naître. Les effets neurotoxiques vont survenir lors du premier trimestre de la grossesse et les effets tératogènes vont eux persister jusqu'au terme de la grossesse.
Première cause d’handicap d’origine non génétique, les différentes formes d’alcoolisation foetale touche 1,3 millions de Français. Des chiffres rapportés par l’association SAF France. Chaque année en France, 15 000 enfants naissent avec des séquelles liées à la consommation d’alcool maternelle. Pendant leur grossesse, 27% des femmes admettent continuer de boire, cette donnée atteint les 37% en région Ile-de-France.
Quelles personnes ressources peuvent entourer la future maman pour, au minimum, aider à la modération de sa consommation ?
Pendant la grossesse, plus la consommation d’alcool sera précisément décrite, écoutée par la sage-femme, plus la future maman pourra être accompagnée dans la prise en charge de cette dépendance. Et plus le tout-petit aura des chances d’être particulièrement surveillé à la naissance. Le non-jugement, l’adressage de la patiente au service d’addictologie, la sollicitation du partenaire pour s’impliquer dans l’abstinence de la future maman sont autant de leviers que la sage-femme peut solliciter pendant le suivi de grossesse. Concernant le co-parent en effet, “dès le désir de grossesse, l’implication des pères [et des mères, ndlr] est essentielle pour soutenir les futures mères dans une grossesse sans alcool », rapporte Denis Lamblin, président de SAF France. Aujourd’hui selon une étude OpinionWay publiée par cette association, “53% des hommes ont volontairement cessé ou diminué leur consommation d’alcool pour soutenir leur partenaire durant la période de grossesse”.
Et après ? En grandissant, l’enfant pourra bénéficier d’un suivi particulier “pour dépister d’éventuels troubles tôt. Cela permet une prise en charge précoce et un meilleur devenir pour l'enfant”. Selo, les facteurs de vulnérabilité repérés, différents professionnels pourront intervenir : le neuropédiatre, les professionnels de médecine physique et de réadaptation pédiatrique, les spécialistes de psychopathologie du développement de l’enfant et de l’adolescent.
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