publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Addictologie

Publié le 26 sep 2018Lecture 4 min

La grossesse, un moment privilégié pour arrêter de fumer

Roseline PÉLUCHON, Paris

Une étude menée en 2012 auprès d’un échantillon national de 3 603 femmes enceintes ou ayant récemment accouché montrait que 16,1 % des femmes enceintes fumaient quotidiennement(1). Certes meilleurs que ceux enregistrés dans le passé, puisque, en 2008, la France comptait 22 % de fumeuses au cours du 3e trimestre de la grossesse (se rangeant ainsi au 1er rang des pays européens où l’usage du tabac était le plus élevé(2)), ces chiffres restent encore trop élevés. En effet, on sait que le tabac est la première cause évitable des complications périnatales, au premier rang desquelles se situe la prématurité, dont le risque est 2,5 fois supérieur au-delà de 10 cigarettes par jour(3). Le projet de grossesse et la grossesse apparaissent donc comme des moments privilégiés pour sensibiliser les couples au sevrage tabagique.

Évaluer le statut tabagique à tous les stades de la grossesse Le dépistage du tabagisme devrait commencer dès que la grossesse ou qu’une aide médicale à la procréation est envisagée. La consultation pré-gestationnelle apparaît donc comme un moment idéal pour informer le couple sur les risques du tabagisme, actif ou passif, sur le fait qu’il augmente le risque d’infertilité et sur les bénéfices de l’arrêt du tabac. Si le dépistage du tabagisme tout au long de la grossesse est désormais assez largement pratiqué, le conseil d’arrêt (« Fumez-vous ? Envisagez-vous d’arrêter ? Je vous conseille d’arrêter de fumer ») semble en revanche plus rare. Dans une étude réalisée en 2006, seules 16 % des fumeuses déclaraient avoir reçu ce type de conseil. Il est recommandé de veiller à ne pas culpabiliser la femme et la Haute autorité de santé (HAS) préconise de « poser d’abord la question de sa consommation de tabac antérieure à la grossesse, puis d’évaluer le tabagisme de l’entourage, avant de l’interroger sur son éventuelle consommation de tabac actuelle »(4). Le conseil d’arrêt devrait être mis en pratique systématiquement et complété quand la situation s’y prête par l’entretien motivationnel et le soutien psychologique. Aide au sevrage En effet, le sevrage tabagique a des effets bénéfiques quel que soit le terme de la grossesse. Il est recommandé d’associer le conjoint au projet de sevrage, d’autant plus s’il est lui-même fumeur. L’évaluation de la dépendance physique est la première étape du bilan, réalisée par le test de Fagerström. La mesure du CO expiré peut être une façon de motiver les patientes pour l’arrêt du tabac, en même temps qu’elle permet de repérer celles à risque de complications(2). Des échelles visuelles analogiques permettent d’évaluer la dépendance psycho-comportementale(2) et des échelles d’évaluation spécifiques de repérer un état dépressif et/ou anxieux. La varénicline et le bupropion sont contre-indiqués chez les femmes ayant un projet de grossesse, enceintes ou allaitantes. En revanche, les substituts nicotiniques ont l’AMM pour les femmes enceintes malgré la présence du picto contenant la mention « ce médicament + grossesse = danger ». La Société francophone de tabacologie s’est d’ailleurs prononcée contre ce picto, tout en reconnaissant le caractère nocif de la nicotine lors de la grossesse. Les différentes formes de substituts peuvent être associées et les doses ajustées dès la première semaine de traitement. Les timbres à la nicotine peuvent être conservés pendant 24 heures en cas de forte dépendance. Les substituts peuvent être proposés aussi aux femmes ne souhaitant pas arrêter immédiatement de fumer, pour réduire leur consommation. L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) déconseille la cigarette électronique chez la femme enceinte. Certains travaux affirment toutefois que, chez les fumeuses les plus dépendantes, l’utilisation de la cigarette électronique est moins nocive que la poursuite du tabagisme. Certaines femmes n’auront pas arrêté de fumer pendant leur grossesse et se pose alors la question de l’allaitement. Il n’est pas contre-indiqué et doit plutôt être encouragé, pour contrebalancer les effets du tabagisme passif sur la santé de l’enfant, mais la mère devra respecter un délai de 2 heures entre la cigarette et l’allaitement. Le suivi du sevrage sera poursuivi au cours du post-partum, et une attention particulière sera portée à certains moments « cruciaux », à fort risque de rechute : sortie de maternité, fin de l’allaitement, reprise du travail, etc.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

Vidéo sur le même thème