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Cancérologie

Publié le 03 juil 2019Lecture 5 min

L’autosurveillance mammaire : quelle pratique chez les femmes ?

Justine LAVEST, Marie-Christine LEYMARIE, Clermont-Ferrand

Étude observationnelle menée auprès de 355 femmes âgées de 25 ans et plus sans antécédent sénologique.

Le cancer du sein, premier cancer féminin en termes de fréquence en France et en Europe, est un enjeu majeur de santé. Son dépistage précoce est donc une priorité puisqu’il permet d’améliorer le taux de survie et d’utiliser des traitements moins nocifs.

Dans ce contexte, l’autosurveillance mammaire semble être intéressante.

En France, aucune recommandation n’a clairement été établie au sujet de l’autosurveillance mammaire du fait du manque d’études à ce sujet. Le terme même « breast cancer awareness » n’a pas de traduction officielle, ni de définition universelle, alors que cette pratique est plutôt répandue outre-Atlantique.

L’autosurveillance mammaire L’autosurveillance mammaire repose sur l’apport de connaissances concernant l’anatomie des seins et leur évolution au cours du temps, des informations globales au sujet du cancer du sein (facteurs de risques, signes et symptômes, traitement), ainsi qu’un rappel sur les pratiques de dépistage en vigueur. Cette pratique remplace les notions d’autopalpation, technique précise de palpation des seins réalisée par la femme elle-même, et d’autoexamen des seins, incluant l’aspect visuel à la palpation, qui ont été prouvées comme non adaptées par diverses études scientifiques. Tout cela a pour dessein de sensibiliser les femmes à leur propre santé en améliorant les connaissances sur leur propre corps, en adaptant personnellement les informations données et en leur permettant d’être « actrices de leur santé » afin qu’elles consultent rapidement en cas de besoin. Description de l’étude L’étude menée est une étude observationnelle descriptive ayant pour objectifs d’étudier la prévalence de cette pratique, les modes d’autosurveillance mammaire à pratiquer selon les femmes, ainsi que les freins et motivations à sa réalisation. Elle s’est déroulée au sein de 41 cabinets de sages-femmes libérales et d’un centre hospitalier de type I par le biais de questionnaires adressés à 355 femmes âgées de 25 ans et plus sans antécédent sénologique familiaux (au 1er ou 2nd degré) ou personnels. Intérêt de la pratique L’autosurveillance mammaire semble trouver plusieurs justifications à sa diffusion. En 2016, la France affichait un taux de participation au programme de dépistage organisé de 50,7 % de la population ciblée, ce qui reste bien inférieur aux attentes européennes (75 % de participation). Ce taux relativement faible peut être expliqué par la « méfiance » populaire et scientifique vis-à-vis de ce programme de dépistage qui émerge depuis les années 2000. De plus, notons que près d’une femme sur cinq ne bénéficierait d’aucun suivi gynécologique. L’étude a également révélé la méconnaissance globale des femmes au sujet du cancer du sein, particulièrement au sujet des modalités de dépistage. L’échantillon a été interrogé sur plusieurs points concernant le cancer du sein : la connaissance des facteurs de risque, la tranche d’âge la plus à risque, l’éventuelle association douleur et cancer, et les modalités de dépistage du cancer du sein. Cela a permis de créer un score global de connaissance qui était de 11,2 ± 3,7 sur un total de 21. Cela est lié au faible pourcentage de femmes ayant reçu de telles informations à ce sujet par un professionnel de santé. Ainsi, seulement 34,9 % des femmes avaient reçu des informations à ce sujet. De surcroît, 60 à 90 % des cancers du sein sont détectés par la femme elle-même ou son compagnon, ce qui amène à penser que si les femmes étaient plus sensibilisées au sujet, les découvertes seraient d’autant plus fréquentes. Principaux résultats de l’étude Parmi les femmes interrogées, 60,3 % (IC95 % : 54,9 ; 65,4) pratiquaient l’autosurveillance mammaire, principalement une fois par mois (23,9 %). L’âge moyen des femmes lorsqu’elles ont commencé l’autosurveillance mammaire était de 26,9 ± 6,7 ans, ce qui semble confirmer l’importance de l’information dès le plus jeune âge.   En accord avec le principe de l’autosurveillance mammaire, les femmes de notre étude pensaient à 54,4 % que l’essentiel était de connaître ses seins et 49,3 % que l’utilisation des mains combinées avec le visuel étaient importants ; aucune méthode précise n’ayant prouvée sa supériorité sur une autre. Au sein de l’échantillon étudié, le principal frein à la pratique de l’autosurveillance mammaire était le manque d’information à ce sujet à 45,4 %, alors que le fait que le geste soit simple et rapide était une motivation à 54,1 %. Les freins et motivations sont exposés sur la figure suivante : Figure 1. Freins et motivations à la pratique du « breast cancer awareness » évoqués par 355 femmes âgées de 25 ans et plus sans antécédent sénologique. Facteurs influençant la pratique de l’autosurveillance mammaire Suite à l’étude des données recueillies, certains facteurs semblent influencer la pratique de l’autosurveillance mammaire. Ceux semblant majorer la pratique sont : l’âge, puisque les femmes plus âgées réalisaient l’autosurveillance mammaire plus régulièrement (33,9 ± 8,7 vs 37,9 ± 8,8, p = 0,01), l’existence de mastodynies (54,7 % vs 41,4 %, p = 0,02), le suivi gynécologique avec la pratique de l’examen clinique des seins par un professionnel de santé (94,9 % vs 87,9 %, p = 0,02), un score de connaissance sur le cancer du sein significativement plus élevé (11,7 ± 3,7 vs 10,5 ± 3,5, p < 0,001), avoir reçu des informations sur le cancer du sein (43 % vs 22,7 %, p < 0,001). Les facteurs qui semblent diminuer l’adhésion sont : les informations au sujet de l’autosurveillance mammaire reçues durant la grossesse (16,5 % vs 30,4 %, p = 0,01), avoir eu des enfants (82,7 % vs 87,9 %, p = 0,18), l’allaitement plus de 6 mois (10,3 % vs 15,6 %, p = 0,14). Cette tendance peut être expliquée par le fait que la grossesse et le post-partum sont des périodes où l’image du corps est complexe et où les préoccupations sont autres. Toutefois, c’est une période où des femmes non suivies viennent consulter et pendant laquelle il est possible de les informer sur le suivi gynécologique. Place du partenaire Concernant l’implication du partenaire, ce point semble intéressant à plusieurs niveaux puisqu’un partenaire sensible au sujet du cancer pourrait permettre de soutenir la femme dans sa démarche de dépistage. De plus, le cancer du sein est un sujet qui peut toucher les deux membres du couple. Une sensibilisation en duo lors des consultations avec un professionnel de santé peut donc être une opportunité, puisque le cancer du sein masculin est peu connu. Au sein de notre échantillon, 7,6 % des partenaires participaient à cette pratique. Conclusion L’autosurveillance mammaire fait partie intégrante de la promotion et de l’éducation à la santé. 60,3 % des femmes pratiquent l’autosurveillance mammaire malgré un défaut d’information à ce sujet par les professionnels de santé. Importance de la sensibilisation en couple au sujet de l’autosurveillance mammaire. Seules 34,9 % des femmes avaient reçu des informations au sujet du cancer du sein par un professionnel de santé. Il paraît donc nécessaire de clarifier le message au sujet de l’autosurveillance mammaire par le biais de la réalisation d’études prospectives de grande ampleur.

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