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Sexologie

Publié le 25 oct 2021Lecture 5 min

Sexualité et périnatalité

Émilie MOREAU*, Axelle ROMBY**, *psychologue sexologue, **médecin sexologue
Sexualité et périnatalité

L’inquiétude relative au retour d’une sexualité « normale » après une grossesse et un accouchement est récurrente dans les consultations de sexologie. Plusieurs éléments participent de ces questionnements : la transformation du corps et du statut psychosocial de femme à mère, les possibles conséquences physiques de l’accouchement, la relation fusionnelle mère/enfant et les modifications conjugales qu’entraînent l’arrivée d’un enfant, mais également les injonctions sociales et parfois médicales autour de la reprise de la sexualité.

Sexualité et grossesse : quelques repères Toutes les données de la littérature attestent d’une baisse du désir et de la fréquence des rapports sexuels avec l’avancement de la grossesse, pour atteindre son paroxysme au 3e trimestre. Cette baisse d’intérêt sexuel s’accompagne de celle de la variété des activités sexuelles et du plaisir. Des facteurs prédictifs peuvent cependant moduler la qualité de vie sexuelle durant cette période. La satisfaction conjugale, la dépression, les antécédents de fausse couche, les difficultés à concevoir et la peur de blesser le fœtus peuvent ainsi avoir un rôle sur la possibilité de maintenir une vie sexuelle. De fait, la plupart des études s’intéressent à la dimension pénétrative de la sexualité ; or le maintien d’une proximité physique avec un répertoire sexuel non exclusivement pénétratif peut permettre de trouver un équilibre sexuel pour les deux partenaires durant cette période, ainsi que par la suite comme nous le verrons. Nous l’avons déjà évoqué lors d’un précédent article centré autour des violences (Gynécologie  &  Obstétrique Pratique n°327, septembre 2020), mais la grossesse constitue un moment particulier dans l’apparition des violences conjugales. Ce point de vigilance est d’autant plus important que l’incitation sociale et médicale à une reprise des rapports sexuels peut empêcher certaines femmes de se sentir légitimes à aborder leurs difficultés en consultation. Sexualité et post-partum Réponse sexuelle Toutes les réactions physiologiques génitales sont ralenties en intensité et en durée jusqu’à environ 3 mois post-partum. Le retour à la sexualité se fait en moyenne à la 7e semaine, mais 30 % des femmes font état de dyspareunies à ce stade, ce chiffre s’amende pour passer à 17 % à 12 semaines. Les dyspareunies sont à mettre principalement en lien avec les lésions et séquelles de l’épisiotomie et le vécu de cette intervention. Le vécu douloureux de la zone vulvaire peut entraîner des craintes à la reprise d’activités pénétratives. Concernant spécifiquement l’allaitement, les effets cumulés de la prolactine et du taux d’estrogènes bas entraînent de facto une baisse de désir qui peut s’accompagner de sécheresse vaginale. Toutes les réactions sexuelles peuvent ainsi être amoindries dans ce contexte : le désir, l’excitation, le plaisir et l’orgasme. Changements physiologiques et corporels Les changements induits par la grossesse et par l’accouchement peuvent avoir un rôle dans le réinvestissement sexuel. Le vécu corporel et symbolique de l’accouchement est également un facteur influençant la reprise d’une sexualité génitale. Indépendamment des dyspareunies, l’intégrité physique peut avoir été touchée par un vécu de déchirement, de vide en lien avec l’accouchement. L’image corporelle peut être modifiée : le ventre, les seins, la vulve, etc., nécessitant une adaptation aux modifications du ressenti corporel. Ainsi, à 4 mois, la plupart des femmes déclarent de l’inconfort physique et une insatisfaction avec leur apparence ainsi que de la fatigue. Ce dernier élément étant l’un des plus rapportés comme facteur délétère à l’initiation du désir sexuel. Dimension intrapsychique La question de la fusion maternelle primaire, qui peut aussi s’incarner chez les partenaires, est souvent impliquée dans le moindre désir sexuel postpartum. La sexualité relève également d’un besoin de fusion qui peut être assouvie par l’arrivée d’un nourrisson. Cet état de fusion perdure les premiers mois et permet d’expliquer la difficulté ressentie par certaines femmes à initier une activité sexuelle avec leur partenaire. Du point de vue intrapsychique, la dépression post-partum est également un point de vigilance important, qui va nécessairement avoir un impact sur la sexualité. Le moindre désir sexuel exprimé par certaines femmes peut également s’expliquer par l’expérience de la grossesse, de l’accouchement, les expériences négatives passées ainsi que la crainte de la survenue d’une nouvelle grossesse. Plus particulièrement, certaines femmes vont associer leur accouchement à un traumatisme en lien avec le vécu de violences gynécologiques et obstétricales, pouvant entraîner des vaginismes secondaires. Dimension conjugale L‘arrivée d’un enfant peut bouleverser le fonctionnement con jugal en général, ces modifications des rôles sociaux, la gestion de l’arrivée d’un enfant pouvant générer des tensions intraconjugales. Beaucoup de femmes nous consultent par crainte de perdre leur partenaire si elles ne réinvestissent pas la sexualité rapidement après l’accouchement. La sexualité revêt une dimension autour du plaisir individuel et conjugal, mais elle peut également être vécue comme un marqueur de la « bonne santé » du couple. L’accompagnement en santé sexuelle en post-partum L’accompagnement autour de la sexualité en post-partum se limite bien souvent au questionnement sur le retour à l’activité coïtale et à la contraception sans prise en compte des enjeux plus affectifs et relationnels de celle-ci. Comme dans de nombreuses autres situations impliquant la sexualité, les professionnel•le•s de santé sont réticent•e•s à aborder ce sujet par manque de connaissances, d’entraînement et d’expérience sur ces questions. Les informations et conseils sur la sexualité en périnatalité sont également très peu présentes dans les outils à disposition (livres, brochures, dépliants). Le recours aux forums internet est ainsi très fréquent pour pallier ce manque. La socialisation entre pairs participe ainsi d’une transmission des savoirs portant principalement sur le désir sexuel, la reprise des activités sexuelles et les modifications physiques. Un article sur ce sujet montre que les échanges sur la reprise de l’activité sexuelle coïtale est prédominante, relayant ainsi les représentations sociales et médicales en la matière.

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