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Médicament

Publié le 14 jan 2022Lecture 3 min

Y a-t-il un risque de prééclampsie avec les antidépresseurs ?

Dr Giovanni ALZATO
Y a-t-il un risque de prééclampsie avec les antidépresseurs ?

Même si dans la majorité des cas la grossesse est bien vécue, elle ne met pas à l’abri de la dépression. La prévalence des troubles dépressifs plus ou moins sévères avoisinerait même les 20 % au cours de la grossesse. Or ces troubles seraient à même d’augmenter le risque de prééclampsie selon des mécanismes encore largement hypothétiques.

Une pharmacothérapie peut être envisagée dans les dépressions les plus préoccupantes, mais les antidépresseurs ne sont pas dénués d’effets indésirables chez la femme enceinte et certains d’entre eux ont été incriminés dans le risque de prééclampsie. La situation se complique quelque peu si l’on prend en compte l’existence de transporteurs ou de récepteurs placentaires spécifiques de ces antidépresseurs. Ces incertitudes font tout l’intérêt d’une étude de cohorte néerlandaise qui a utilisé deux bases de données, respectivement le Netherlands Perinatal Registry et le PHARMO Database Network pour identifier les cas d’exposition aux antidépresseurs entre la conception et la 20e semaine de la grossesse. Les antidépresseurs ont été répartis dans les quatre classes pharmacologiques classiques: inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), antidépresseurs tricycliques (ADT), inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) et inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO). Les mécanismes de transport de ces médicaments au sein du placenta ont été également pris en compte. Un groupe témoin a été constitué de femmes enceintes qui n’ont été exposées à aucun de ces médicaments au cours des quinze mois qui ont précédé l’accouchement. Les antidépresseurs tricycliques impliqués Au total, la comparaison a porté sur 2 103 femmes exposées aux antidépresseurs et 95 376 témoins appariés selon l’âge et les antécédents obstétricaux. Une prééclampsie a été diagnostiquée chez 70 femmes exposées, dont 15 formes précoces et 55 formes tardives, versus 2 582 dans le groupe témoin (387 formes précoces, 2 195 formes tardives). L’exposition aux ATD en monothérapie (n = 214) a été associée à une augmentation du risque de prééclampsie (n = 15, risque relatif RR 2,46, intervalle de confiance à 95 % IC 95% 1,51–4,02) incluant les formes tardives (n = 12, RR 2,41, IC 95% 1,39–4,17). Le RR n’a pu être évalué quant aux formes précoces du fait de l’extrême faiblesse de l’effectif correspondant. Aucune association significative n’a impliqué les autres classes pharmacologiques, qu’il s’agisse des ISRS, des ADT ou encore des IMAO. Une augmentation du risque de prééclampsie précoce a cependant été observée en cas d’exposition aux antagonistes des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2A, mais sur un tout petit effectif avec une marge d’incertitude importante (6/405, à l’exclusion des ATD, RR 3,56, IC 95% 1,60–7,94). Ainsi y aurait-il selon cette étude, une association significative entre l’exposition aux ATD et le risque de prééclampsie. Les autres classes pharmacologiques ne seraient pas concernées. Les antagonistes des récepteurs 5-HT2A de la sérotonine sont-ils en cause? L’estimation est trop imprécise pour se prononcer.

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