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Médicament

Publié le 02 aoû 2022Lecture 3 min

Acide folique chez la femme épileptique traitée, moins de complications de la grossesse ?

Isabelle MERESSE, Bordeaux
Acide folique chez la femme épileptique traitée, moins de complications de la grossesse ?

Chez les femmes épileptiques, la prise d'acide folique dans la phase pré-conceptionnelle et pendant le premier trimestre de la grossesse semble réduire le risque d'accoucher prématurément. 

Les femmes atteintes d'épilepsie, particulièrement si elles suivent un traitement antiépileptique (TAE), ont un risque accru de complications lors des grossesses (accouchement prématuré, retard de croissance intra-utérin (RCIU) et prééclampsie), à l’origine de morbi-mortalité pour la mère et l’enfant. Certaines études suggèrent une association entre supplémentation en Acide Folique (AF) et réduction de ces complications, mais avec des résultats variables. Afin de déterminer le lien entre cette supplémentation et les complications de la grossesse chez les épileptiques traitées, les données d’une étude de cohorte ont été analysées. Cette étude de cohorte mère-enfant prospective norvégienne a inclus 95 200 femmes entre 1999 et 2008. Les données concernant l'épilepsie maternelle, le TAE, la supplémentation en AF et l’issue de la grossesse ont été réunies. La supplémentation en AF était appréciée par 2 questionnaires rétrospectifs : (Q1) pendant les semaines de gestation 17-19, les mères déclaraient la prise d’AF à différentes périodes (> 4 semaines avant la conception, pendant les 4 semaines pré-conceptionnelles, entre les semaines 0-4, 5-8, 9-12, 13 et suivantes) ; (Q2) pendant la 30esemaine elles étaient interrogées sur la prise d’AF pendant les semaines 13 à 29 et suivantes. Les principaux critères de jugement étaient la naissance prématurée (âge gestationnel < 37 semaines), la petite taille pour l'âge gestationnel (RCIU), et la prééclampsie. Un bénéfice dans certaines conditions L'étude a inclus 100 105 grossesses uniques, 316 avec épilepsie maternelle avec TAE pendant la grossesse (81 % en monothérapie), et 358 avec épilepsie maternelle non traitée. La proportion de supplémentation en AF était similaire parmi les femmes épileptiques traitées, non traitées et celles sans épilepsie : respectivement 79 %, 73 %, 75 %. Parmi les épileptiques traitées, le risque d'accouchement prématuré était statistiquement plus élevé si elles qui ne recevaient pas d'AF par rapport à celles qui en bénéficiaient : 14 % versus 5 % des naissances, odds ratio ajusté (ORa) 3,3 , intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,2-9,2. Le risque d'accouchement prématuré parmi la population TAE + AF quand la supplémentation débutait en péri conceptionnel était similaire au risque encouru par les femmes sans épilepsie recevant de l’AF (ORa 0,9, IC à 95 % 0,5-1,6). Les épileptiques traitées commençant l'AF après le 1er trimestre de grossesse présentaient un risque majoré de naissance prématurée par rapport aux non épileptiques (ORa 2,6, IC à 95 % 1,1–6,5) et encore plus élevé si elles n'utilisaient pas d'AF (ORa 9,4, IC à 95 % 2,6–34,8). La prise d’AF n'était pas associée au risque d'accouchement prématuré chez les femmes épileptiques sans TAE ou chez les non épileptiques. L'AF ne modifiait pas le risque de prééclampsie ou de RCIU chez les femmes atteintes d'épilepsie. Une recommandation confortée La dose optimale d’AF n’est pas encore connue, sa détermination nécessitera des études sur des populations plus importantes. Un des biais de cette étude est le fait de poser le premier questionnaire à la 18ème semaine de grossesse, ce qui rend moins précise la remémoration de la prise d’AF péri conceptionnelle. De plus, le caractère observationnel de cette étude nécessitera une confirmation ultérieure. Cependant, l'association entre la supplémentation en AF et l'accouchement prématuré était robuste aux ajustements pour la polythérapie et à l'exclusion des femmes présentant des crises tonico-cloniques ou tout type de crises pendant la grossesse, montrant que le risque accru d'accouchement prématuré n'était pas lié à une épilepsie non contrôlée. En conclusion de cette étude, la supplémentation en AF précoce, pré conceptionnelle ou pendant le 1er trimestre de grossesse chez les femmes atteintes d'épilepsie traitées, apparaît associée à un risque moindre d'accouchement prématuré. Ce constat appuie la recommandation de la Ligue internationale contre l’épilepsie (1) selon laquelle les épileptiques traitées en âge de procréer devraient bénéficier d’une supplémentation en Acide Folique, un bon nombre des grossesses n’étant planifiées.

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