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Société

Publié le 16 jan 2023Lecture 3 min

Incitation financière au suivi de la grossesse : controversée mais efficace

Caroline GUIGNOT, Lille, D’après la communication « Impact d’un soutien financier conditionnel sur l’issue de la grossesse chez les femmes enceintes à faibles revenus : L’essai randomisé en grappes NAITRE »
Incitation financière au suivi de la grossesse : controversée mais efficace

Derrière l’étude NAITRE lancée avec difficulté en 2016, une hypothèse : si les femmes enceintes les plus précaires renoncent plus que les autres aux soins, une aide financière pourrait-elle améliorer le suivi et le pronostic de la grossesse ? Les données préliminaires de ce travail sont encourageantes.

Les données disponibles sur le sujet montrent que les femmes qui renoncent aux soins durant la grossesse ont de manière significative plus fréquemment des revenus bas et n’ont pas d’AMC (Assurance maladie complémentaire), sans lien avec l’accessibilité de l’offre de soins (distance de la première maternité). Par ailleurs, plus l’index de déprivation est élevé, moins le suivi de la grossesse est conforme aux recommandations, le risque de complications périnatales étant accru. Ainsi, le taux de naissances compliquées (accouchement avant 37 SA ou petit poids de naissance) était, selon l’ENP au moment du lancement de l’étude NAITRE (preNAtal care in deprIvaTed enviRonnEment), de 18 % parmi les femmes socio-économiquement défavorisées contre 12 % dans le reste de la population. Sur la base de résultats expérimentaux encourageants décrivant l’efficacité des incitations financières pour favoriser le sevrage tabagique au cours de la grossesse, Marc Badou et son équipe du CHU de Dijon ont souhaité évaluer si des incitations économiques, conditionnées à l’adhésion au suivi prénatal programmé, pouvaient modifier le pronostic de la grossesse chez des femmes précaires (Couverture médicale universelle [CMU] ou Aide médicale d’État [AME]). L’objectif affiché de l’étude était d’abaisser le taux de grossesses compliquées parmi ces femmes à 14 %. Les femmes devaient être incluses avant la 26e semaine d’aménorrhée par 32 centres participants. Elles recevaient une carte Mastercard créditée de 30 euros à chaque visite planifiée et honorée, ou étaient allouées au bras contrôle de l’étude. Au total, 3 777 femmes ont été incluses, assorties toutefois aussi d’un taux significatif de perdus de vue. Les femmes ont pu être incluses en moyenne à 14 semaines, soit une période précoce favorable à la qualité du suivi. À l’issue de l’étude, le taux de complications était de 16,8 % dans le groupe des femmes ayant bénéficié de l’incitation financière, contre 20,9 % dans le groupe contrôle, soit une diminution significative de 27 % du risque relatif de taux de naissances compliquées. Plus précisément, le bénéfice a été particulièrement observé sur le risque de naissance avant 32SA qui concernait 7,3 % des femmes aidées, contre 10,2 % dans le groupe contrôle, ainsi que sur le risque de petit poids à la naissance qui a diminué de 23 % (4,3 vs 6,8 %). Ces données suggèrent une amélioration de l’adéquation des soins prénataux et une réduction significative des taux de grossesses compliquées. Marc Badou a souligné que les femmes participantes ont exprimé le sentiment d’être considérées au cours de cette étude, mais a reconnu que la question de l’acceptabilité sociale reste posée, rappelant que la mise en place de cette étude a été complexe et réfutée à plusieurs reprises, notamment par le CPP. La consolidation des données et l’analyse médico-économique sont désormais attendues. D’ores et déjà, il est possible d’indiquer que l’argent crédité (qui ne pouvait être retiré en liquide ou utilisé pour des achats en ligne) n’a pas été thésaurisé mais dépensé dans la foulée de la consultation, et a été essentiellement dépensé dans les supermarchés ou pour les transports. Signe que cet argent correspond bien à un besoin. Publié dans Pédiatrie Pratique

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